La Bretagne débarque au Québec

Bilan

Tout ça a commencé à Rennes, chez Yvon Guillon, où j'ai rencontré Erwan Moalic, directeur du Festival de Douarnenez, pour la première fois. Erwan m'apprend alors que son festival propose à chaque année une rétrospective du cru cinématographique breton. Je lui parle des Rendez-vous du cinéma québécois qui occupe le même créneau pour le cinéma québécois et lui propose de contacter les gens des RVCQ que je connais bien pour organiser une rencontre de nos deux cinématographies. Yvon Guillon prépare justement un court séjour aux USA où il doit rencontrer un partenaire. Il tentera d'obtenir un billet de retour par Montréal pour être sur place pour l'occasion.

Peu de temps après mon retour à Montréal, Yvon Guillon se présente. Qu'à cela ne tienne, je nous prépare quelques rendez-vous. Nous rencontrons Renée Roy, alors directrice des Rendez-vous du cinéma québécois qui donne son accord pour que les portes des Rendez-vous soient ouvertes à une éventuelle délégation bretonne en autant que nous l'organisions car elle n'a pas les ressources ni le temps nécessaires. Nous rencontrons également Claude Forget de Cinéma Libre qui trouve le projet intéressant et qui s'impliquera également. Nous sommes le 16 novembre 1999 et la décision est prise d'aller de l'avant. Le 13 décembre suivant, des lettres d'invitation officielles partent enfin du Québec. Le coup de barre est donné, nous avons jusqu'au 17 février (ouverture des Rendez-vous) pour monter le programme en tenant compte des vacances de fin d'année. On prend une grande respiration et c'est parti!

Malgré le peu de temps et les incontournables imprévus, nous avons réussi à faire débarquer douze artisans bretons le 16 février à Dorval. Nous avons eu l'occasion lors de nos rencontres et de nos soirées de projection de montrer au gens d'ici que le cinéma était bien vivant et même vigoureux en Bretagne. Sur le plan culturel et professionnel, j'ai été moi-même surpris par la facilité avec laquelle nous arrivions rapidement à parler des vrais enjeux avec les mêmes convictions. La qualité des films sélectionnés par l'organisation bretonne a fait le succès de nos soirées de projection. Une moyenne d'occupation de la salle de 29% en entrées payantes et de 49% au total ferait rêver n'importe quel programmateur de salle de répertoire vouée à ce type de films. Il n'est pas surprenant d'ailleurs que des ententes de distribution soient déjà sur la table. Par conséquent, je suis très fier de ce qui a été accompli et je tiens à remercier sincèrement tous ceux qui de près ou de loin ont contribués à la réussite de l'événement. Je suis également convaincu qu'il y a de l'avenir dans ce genre de manifestation.

Si l'expérience se renouvelait dans l'avenir, il y a certains correctifs auxquels nous devrions songer cependant. Il est manifeste que les deux mois de préparatifs auxquels nous avons eu droit dans les circonstances sont insuffisants. L'organisation de tels événements gagnerait à ce que nous doublions le temps des préparatifs et ajustions le nombre de personnes affectées à l'organisation surtout dans le dernier droit avant l'événement. Deux mois de plus pendant lesquels une deuxième personne serait également en poste seraient essentiels. De plus, les copies VHS, par exemple, pourraient arriver plus tôt et auraient le temps de circuler dans les médias. Par contre, un événement ciblé comme le nôtre n'attire pas facilement les commandites. Il faudra voir ce qui peut être fait du coté des institutions maintenant que nous pouvons compter sur ce premier succès.

Trouverons-nous une formule qui soit plus intégrée dans un événement comme les Rendez-vous du cinéma québécois ou autre? Ferons-nous un événement breton autonome? Travaillerons-nous de façon circonstancielle sur des visites ciblées pour la promotion de certains films ou de certains projets de coproduction? Toutes les portes sont ouvertes en ce qui me concerne. J'aimerais bien faire en sorte que les Productions de l'Étale soient reconnues comme un incontournable pont entre ce qui se fait en Bretagne et dans les autres régions de France et le Québec. Je suis convaincu, plus que jamais, que nous devons accentuer ce genre d'événements pour que nos productions trouvent leur chemin vers le public en dehors du courant dominant qui tente de balayer de façon réductrice l'univers cinéma actuellement.

Je m'en voudrais de ne pas remercier personnellement, Erwan Moalic et Yvon Guillon qui se sont avérés des partenaires exceptionnels et qui ont été une source d'inspiration pour moi tout au long de l'organisation de cet événement. Grâce à leur opiniâtreté, nous avons pu proposer au Québec des films et des artisans du cinéma breton de grande qualité.

J'espère que nous reverrons du cinéma breton au Québec avant longtemps et que nous trouverons également une occasion de faire voir du cinéma québécois en Bretagne. Le créneau idéal demeure le Festival de Douarnenez pour que les artisans se rencontrent mais nous n'hésiterons pas à faire flèche de tout bois d'ici là.

René Robitaille
organisateur
Les Productions de l'Étale

Courriel: info@etale.qc.ca

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